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La Pêche et Jersey


Les faits : Jersey, une dépendance de la Couronne britannique située dans la Manche, dernière partie du duché de Normandie, est proche des côtes normandes. Historiquement, les pêcheurs français, notamment normands et bretons, ont opéré dans les eaux jersiaises dans un esprit de coopération. Les premiers accords de réglementation de la pêche remontent à 1204, tandis que des traités plus récents, tels que l'accord de la Baie de Granville en 2000, régissaient l'accès mutuel à ces eaux.


Cependant, avec le Brexit, les règles ont été modifiées : les eaux de Jersey relèvent désormais de la compétence de l'île elle-même. En 2020, à l'initiative de Jersey, les accords de la baie de Granville ont été annulés, entraînant une renégociation des zones et des licences de pêche.


2021 : La crise Suite à la mise en œuvre de l’accord post-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni, Jersey a révisé les conditions d’octroi des licences de pêche aux navires de l’UE, y compris ceux de France. Ces nouvelles exigences, jugées trop contraignantes par les pêcheurs normands, ont entraîné des tensions croissantes. Jersey a souligné la nécessité d’un système de gestion durable des pêches. La situation a culminé le 6 mai 2021, lorsqu’une cinquantaine de bateaux normands se sont rassemblés à l’entrée du port de Saint-Hélier pour protester contre ces nouvelles conditions. En réponse, le Royaume-Uni a envoyé deux navires de la Royal Navy pour surveiller la situation, tandis que la France a déployé des patrouilleurs pour prévenir toute escalade.

La ministre de la Mer a fait allusion à la possibilité de couper l'alimentation électrique de Jersey, répondant ainsi à la dépendance de l'île, qui tire une part importante de son électricité de la France via des câbles sous-marins. Il est à noter que plus de 40 % du PIB de Jersey provient du secteur financier et de ses infrastructures informatiques.

Jersey a délivré 142 licences aux bateaux français mais a rejeté 75 demandes, controversées pour les pêcheurs normands qui estiment que certaines preuves ont été arbitrairement rejetées. Jersey, quant à elle, insiste sur la nécessité de garantir la durabilité des stocks de poissons.


Septembre 2025 : Renouer le dialogue En septembre 2025, des rencontres entre représentants des pêcheurs de Normandie, Bretagne et Jersey ont eu lieu pour relancer la coopération. La question centrale, au delà du nombre des autorisations d'accès, était les zones de protection marine (Marine Protected Areas, MPAs) que Jersey souhaite créer. Les pêcheurs craignent que les fermetures des zones de pêche historiques impactent non seulement les bateaux jersiais mais aussi les flottes françaises, entraînant des conséquences sur les filières, la logistique et la sécurité maritime. Avec à peine une cinquantaine de bateaux de pêche à Jersey, la fragilité de cette industrie reste un enjeu majeur.

Jersey a présenté un plan de gestion maritime qui inclut la création de zones protégées avec des régulations strictes sur certaines techniques de pêche, telles que la drague et le chalut, qui sont prévues pour entrer en vigueur en 2026. Il existe des craintes, de la part des pêcheurs normands, d'être une nouvelle fois écartés. Il y a en effet peu de navires qui, à Jersey, pratiquent ce type de pêche. Malgré la vulnérabilité de Jersey, notamment en ce qui concerne son approvisionnement énergétique et ses soins de santé, les pêcheurs français estiment que leurs gouvernements doivent être plus proactifs dans la défense de leurs intérêts face aux autorités jersiaises et britanniques. À ce jour, une conciliation européenne semble inatteignable.


Ce que nous en pensons :

  1. Il est primordial de défendre la pêche normande, en particulier celle des pêcheurs de Granville, qui sont directement touchés.

  2. En nous concentrant uniquement sur la pêche, nous risquons de minimiser nos besoins tandis que le secteur de la pêche locale n'apparaît pas comme essentiel et identitaire pour les autorités de Jersey. La négociation actuelle est donc déséquilibrée.

  3. Jersey a des besoins significatifs en énergie, logistique et matériaux, souvent moins chers en France qu’au Royaume-Uni, ainsi qu’en soins médicaux pour les 100 000 habitants qui sont vieillissants.

  4. Une approche globale et cohérente pour une négociation permettrait d'inclure d'autres sujets, comme l'énergie et les services de santé, qui sont mutuellement bénéfiques et pourraient rétablir un équilibre.


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